L’oeuvre entière de Ronald Mevs, qui compte parmi les plus importants des artistes haïtiens vivants, est un savant cocktail, de toutes les cultures dont il s’est imprégné. Elle porte la trace de ses ancêtres taïnos et africains. Celle aussi de ses maîtres, Matta et Lam et d'autres moins connus, qui ont permis l’éclosion de son vocabulaire. Elle diffuse les notes vibrantes des grands musiciens de jazz qu’il a connus à Manhattan – Mingus, Abner ou Roy Haynes – quand il était étudiant en arts graphiques. Elle a la poésie du grand Quincy Troupe qui organisa chez lui, à Harlem, une exposition de ses oeuvres.On y retrouve aussi les Indiens Mohawks du Canada qu’il visitait lors de son exil à Montréal. Il y a aussi l’esprit des Mayas et Navajos du Mexique avec qui il réalisa une installation sur le thème « Les arts de la terre ». Et la Chine qui le fascina.Citoyen du monde, prenant une part active aux activités sociales et artistiques de sa ville de Jacmel, accueillant toujours à bras ouverts dans son atelier artistes et artisans d’ici et d’ailleurs, poètes et écrivains, Ronald Mevs se tient debout et libre. Sans crainte ou préjugés, il a voulu affranchir la pierre, le papier, le bois, le métal, les intégrant harmonieusement à son oeuvre, ce qui la rend multiple et diverse. Sa quête n’est pas errance. Son univers est vaste et précis. Tenter de cerner ce touche à tout, relevait d’un vrai défi. Il fallait beaucoup de détermination. C’est à la manière des archéologues qu’on a procédé pour faire ce livre, car les éléments étaient dispersés ici et là. Le résultat est une monographie qui devient la référence pour cet artiste haïtien hors du commun.